Rapport
d'Etape n° 1
Origine
du Projet
Dès
la création du site Internet de la mairie d'Illats
dont il est le concepteur, Jean-Michel Rossignol a mis en avant la
sauvegarde
du patrimoine de la commune et a donné une
définition très précise du cadre de
cette action: ( Editorial
).
Le
premier chantier, heureuse coïncidence, a consisté
en
des sondages réalisés par l'INRAP autour de
l'église St Laurent d'Illats, du 2
au 6 avril 2007. Au fur et à mesure de la progression des
recherches, un compte
rendu était rédigé et mis en ligne
avec les photos prises sur le site ( Fouilles
Eglise )
Ce sondage
réalisé par un service d'archéologie
officiel, l'INRAP,
a démontré que le site d'Illats est d'occupation
très ancienne et que l'église
St Laurent recouvre une nécropole dont les restes remontent,
au moins, au Moyen
Age et l'occupation au Haut Empire Romain (1).
Fort
de cette découverte qui confirme des hypothèses
tirées de l'observation du terrain et des textes, il a
été décidé de faire des
recherches sur un monument qui a alimenté bien des
légendes: "Les Allées
Couvertes de la Hountète".
Conception
du Projet
La
première démarche réalisée
a été de retrouver ce
monument. Cela a aussi été la première
difficulté car si tous les Illadais
connaissaient la légende des "Allées Couvertes"
et beaucoup celle du
"Veau d'Or" qui lui est attachée, bien peu
étaient capables de les situer exactement.
C'est
Philippe VINCENT, membre du conseil municipal de la
commune, venu très jeune avec son père sur le
site, qui nous a permis de s'en
approcher et de "deviner" la forme d'une pierre au milieu d'un
taillis impénétrable, après plus d'une
heure de recherches, le jeudi 10 mai 2007
(photo 1).
La
configuration des lieux et la luxuriance de la
végétation interdisaient une visite plus
approfondie.
Il a ensuite
été
aisé de repérer cet emplacement sur le plan
cadastral de la commune et d'en
identifier le propriétaire qui a été
informé de cette découverte le 22 mai 2007
et a donné toutes facilités pour
procéder à des recherches.
A
partir de cet instant, le projet a commencé à
prendre
forme. Le maire d'Illats a été
informé, ainsi que les membres du Comité
Consultatif. Après la collecte de documents, discussions et
propositions, un
projet en trois phases a été mis au point:
-
VOIR,
en découvrant le site (dans les deux sens du
verbe)
- COMPRENDRE, en
déterminant sa nature et son intérêt
- AGIR, en le mettant
(éventuellement) en valeur.
Une
annonce a été faite sur le site d'Illats pour
informer les Illadais du projet et les inviter, le 18 septembre 2007,
à
participer à la première phase.
Progression
du Chantier et des Hypothèses
1)
Le chantier a
commencé le mardi 18 septembre 2007 par le
débroussaillage de l'accès au site
et le brossage des premières pierres visibles.
André Cochet, David Garcia et
Jean-Michel Rossignol ont manié tronçonneuse,
serpe et râteau pour permettre
aux invités de s'approcher et de (re)-découvrir
la première "Allée".
Immédiatement,
les personnes présentes (voir photo 6) ont
été saisies par l'importance du monument et le
bon état de conservation du
site.
Des invitations ont
ensuite été lancées à des
personnalités qui avaient, par le passé,
montré de l'intérêt pour ce type de
monument, tout en continuant le dégagement des pierres.
Messieurs
Lenoir, Peneau, Rajchenbach, Ducousso et Mush, ainsi que plusieurs
Illadais et Barsacais,
ont répondu à ces
invitations et ont
visité le site.
Au
cours de l'avancement des travaux et après
dégagement
de chaque élément, il est apparu comme une
évidence que la disposition actuelle
des pierres ne peut pas correspondre à la description qui
est habituellement
faite des "allées couvertes".
2)
L'observation
montre que le monument est constitué de deux parties
distinctes:
- Un axe central
constitué de trois pierres de forme
allongée, alignées dans le sens de la longueur,
et jointives, sur un axe
Est-Ouest,
- Des pierres plates
et moins épaisses disposées autour,
formant une sorte de corolle.
Si ce monument
était le reste d'une "allée
couverte" démolie, comme l'assurent les auteurs anciens (voir le texte de Bertrand DUBREY),
il devrait être
possible d'attribuer à chaque pierre un rôle de
"Table" (horizontale)
ou d'orthostate (verticale) pour imaginer la forme originelle de
l'ensemble.
Or
aucun choix ni aucune disposition ne permet de
reconstituer une allée couverte par le simple
détail que les pierres étroites
formant l'axe central sont non seulement alignées dans le
sens de leur longueur, mais emboîtées les unes
dans
les autres. Il est inconcevable qu'elles aient
été un jour, même très
lointain,
dressées verticalement et se soient
"couchées" dans cette disposition. Il
n'est pas davantage
concevable d'envisager qu'elles aient eu une fonction de "tables"
reposant sur des orthostates, vu leur étroitesse et/ou leur
direction, et à
plus forte raison qu'elles se soient retrouvées dans cette
position après avoir
chu.
Il
nous est donc apparu, par le raisonnement, que ces
pierres longues pourraient être restées dans leur
état initial, c'est-à-dire posées sur
le sol, faisant office de "dallage". Mais quid des pierres de la
"corolle"?
Si
les pierres allongées sont des "tables
basses", les pierres carrées devraient être des
orthostates. C'est alors
qu'un détail qui ne s'intégrait pas dans les
hypothèses de départ prend toute
son importance. La surface apparente de la pierre S2
présente un faux niveau de
40 cm environ, le côté Est étant plus
élevé que le côté Ouest.
Cette
inclinaison n'est en fait qu'apparente. En effet,
cette pierre est bien posée horizontalement sur le sol comme
le démontrent les
deux sondages faits à ses extrémités
NE et NO. Son épaisseur à l'angle NE est
de 70 cm, mais de seulement 30 cm à l'angle NO (photos 13 et
14). Une allée de 70 cm environ la
séparant de la table n° 3, on imagine
aisément qu'en la relevant, en la faisant
pivoter sur l'arête Est-ouest posée sur le sol,
elle épouserait parfaitement la
courbure de la table n° 1.
Par
ce fait, nous retrouverions l'une des
caractéristiques des allées couvertes qui
présentent, pour la plupart, un
rétrécissement du couloir d'accès
à la
chambre. Cet élément nous paraît
être
d'une grande importance et devra être confirmé par
une
modélisation en 3D.
Vue
du côté
Nord. Repérage des éléments du
côté Ouest (N=Nord; S=Sud; T=Table; la
numérotation commence à l'Ouest))
Vue
du côté Est:
Au centre, les trois "tables basses" De part
et d'autre, les orthostates couchées en "corolle".
La flèche
indique l'hypothèse de relevage expliquée
ci-dessus.
A
ce stade du chantier et de nos connaissances sur ce
monument, nous pouvons avancer les éléments
suivants:
-
Les pierres
découvertes au lieu de la Hountète
ne sont
pas ordonnées naturellement et
forment
bien un monument
mégalithique situé à
proximité immédiate (50 mètres) d'une
falaise de calcaire à astéries.
- La forme actuelle "en
corolle" et la distance
des pierres "pétales" par rapport aux pierres massives
alignées du
"pistil" laisse envisager que les
pierres du pourtour étaient initialement
"levées" contre celles du centre.
- L'espace entre les
orthostates au-dessus des
"tables" était occupé par des pierres de petites
dimensions (environ
10 x 10 cm), ordonnées avec soin (photo 15).
- Le couloir
ménagé entre les pierres verticales
était
fortement réduit entre la "table" Ouest et celle du milieu.
- Le basculement des
pierres verticales (orthostates) est
très ancien et a contribué à
dissimuler le monument pendant des siècles sous la
couche de mousses et d'humus.
- La nature du monument
n'est pas connue avec précision à
ce jour.
Conclusion
(provisoire!)
Le site des "Allées d'Illats" est un
élément
majeur du patrimoine aquitain dont l'étude peut apporter des
renseignements
précieux pour la connaissance et la compréhension
des populations qui ont
occupé le territoire de la commune il y a des milliers
d'années.
Une
équipe de passionnés recouvrant un large
éventail de
compétences a initié cette
re-découverte et est prête à mettre en
œuvre les
moyens nécessaires au nettoyage, à la
connaissance et à la mise en valeur du
site pour le plus grand profit de la commune, du canton et de la
région des Graves
toute entière.
Cette
équipe est ouverte à d'autres
compétences et à
d'autres bonnes volontés qui seront favorablement et
chaleureusement
accueillies.
JMR
à Illats le 8 novembre 2007
(1) Ch.
Scuiller – ILLATS "Eglise St Laurent" –
Inrap mai 2007 – pages 16 et 17
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